Dans la logique de mon post sur la vulgarisation du marché monétaire, voici une vulgarisation de la finance dans sa globalité. Avant de me lancer dans le vif du sujet, je tiens à clarifier des notions importantes qui pourraient porter à confusion et que je sais que je verrai dans les commentaires. Je vais aussi vous donner un peu mon opinion personnelle pour éviter tout malentendu dans la discussion, sautez cette partie si ça ne vous intéresse pas. Si la modération trouve que c'est trop hors-sujet, libre à elle de supprimer le post.
J’ai entendu vos critiques dans les commentaires, j’avoue que j’ai vraiment trop simplifié certains passages, j’avais peur que le post soit trop long et trop technique, parfois au prix de la précision et de la rigueur, mea culpa. Cette fois-ci j’ai fait le choix de faire une synthèse des différents marchés financiers, qui régissent l’allocation des ressources financières dans notre société. Nombre d’entre vous ont dû entendre parler de certains d’entre eux, peut-être que vous participez à certains. Toutefois, comme dans mon autre post, je tiens à faire une précision importante. Les informations que je vous donne ici sont grandement insuffisantes pour que vous vous lanciez sur ces marchés, sans que cela s’apparente à une soirée au Monte Carlo pour votre portefeuille. Je ne vous incite aucunement à le faire, mon but étant uniquement d’éclairer ce qui se passe sur les marchés financiers, je n’ai aucune participation à quoi que ce soit, je ne suis pas rémunéré et je ne cherche pas à vendre ou à promouvoir quoi que ce soit. Je ne serai pas 100% exhaustif mais je ferai de mon mieux pour éclairer des sujets que vous pouvez parfois rencontrer dans la presse. Encore une fois, les questions et les remarques sont la bienvenue.
Un marché financier est une notion très abstraite somme toute, il s’agît de l’ensemble des acteurs, des informations et des outils qui font que l’offre (d’actifs) et la demande (le capital) se rencontrent. Ce n’est pas à confondre avec une bourse, qui est un lieu physique (et maintenant virtuel) où se rencontrent l’offre et la demande, ou une place financière, qui est une ville qui regroupe un grand nombre de marchés financiers et d’acteurs majeurs. Quand votre tonton vous prête 10k EUR pour que vous lanciez votre site d’e-commerce, ou que vous déposez de l’argent à la banque, vous participez à un marché financier. Au fil de l’histoire, différents outils financiers ont fait leur apparition, parfois graduellement, parfois brusquement sous l’impulsion de génies/fous (souvent des mathématiciens) et ont conféré des propriétés particulières aux marchés financiers. Il s’agît entre autres de la capacité à :
- Investitransférer le capital et les liquidités inutilisés
- Transférer le risque entre participants
- Echanger à l’international
- Eviter qu’il y ait trop de disparités entre les prix dans le marché, et qu’ils suivent (plus ou moins bien) la valeur intrinsèque.
Un marché efficace est par définition un marché qui reflète bien la valeur intrinsèque d'un investissement compte-tenu des informations disponibles. Des inefficacités peuvent surgir de coûts de transaction et/ou de frais d'agence élevés, de la faible liquidité des actifs ou encore à cause de barrières de toutes sortes. A mon humble avis, dans une économie de marché, il est dans l’intérêt public à ce que certains marchés soient efficaces pour que les inégalités économiques ne soient pas amplifiées et que toutes les classes sociales puissent y avoir accès, tant que cela ne se nuit pas indirectement à la société.
Parlons maintenant de prix et de valeur intrinsèque. La valeur intrinsèque d’un actif ou d’un instrument financier est la valeur financière (et parfois non-financière) future qu’il procurera, compte tenu de l’incertitude qu’il y a autour de la capacité de l’actif à réaliser cette valeur à l’avenir. La valeur intrinsèque est subjective car elle dépend de l’acheteur, principalement de son aversion et de sa capacité à encaisser le risque, mais pas que, comme nous allons le voir. Le prix reflète entre autres l’offre et la demande de l’actif, plus précisément les informations qu’ont les acheteurs, leurs biais et les barrières à la transaction, c’est pour cela qu’il peut dévier, parfois fortement, de la valeur intrinsèque. La valeur intrinsèque est fondamentalement impossible à connaître, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de modèles mathématiques ou qualitatifs pour tenter de l’estimer. Ce qu’on appelle un acteur rationnel c’est un participant qui va, compte tenu de son capital, de ses besoins de liquidité, de son horizon d’investissement et de son aversion au risque (qui est une caractéristique rationnelle) acheter les actifs dont le prix est en-dessous de la valeur intrinsèque qu’il leur assigne et vendre ceux dont le prix est au-dessus de cette valeur.
Je ne crois pas qu’il y ait une façon non biaisée de présenter la finance alors je vais vous donner mon biais. Je crois personnellement en la finance comportementale et ce que je vais dire dans ce paragraphe est très controversé et mériterait toute une vie de recherche pour justifier (on peut en reparler dans les commentaires). Il faut savoir qu’il y a des paramètres anthropologiques (psychologiques, sociologiques, culturels, religieux et géographiques) qui viennent affecter les marchés, notamment leur efficacité, et les financiers et les régulateurs peuvent aborder le problème de plusieurs façons. Parfois on va trouver des intermédiaires qui vont faire fi de ces barrières, parfois on va tenter d’anonymiser les participants, parfois on va trouver un moyen de diffuser l’information à tous les participants, parfois on va réguler pour empêcher certains comportements nuisibles ou illégaux, ou bien on va créer des outils ou des stratagèmes pour contourner les barrières sans les effacer. La désintermédiation, la dérèglementation et le décloisonnement, ainsi que la volonté d’atteindre la concurrence pure et parfaite, ne sont pas toujours les meilleurs moyens d’avoir des marchés efficaces. Il faudrait que toutes les barrières socioculturelles, tous les biais psychologiques des participants des marchés disparaissent pour que cela puisse se faire, ce qui n’est évidemment ni souhaitable ni possible.
Le début est un peu technique mais est crucial pour que vous compreniez la suite. Premièrement, je vais vous parler de la notion de marché primaire et de marché secondaire, qui détermine où est transféré le capital et le risque. Deuxièmement, je vais vous parler de l’organisation et de la régulation des marchés. Troisièmement, je vais vous parler de la classification des marchés en fonction des instruments financiers qui s’y échangent et dernièrement je vais vous parler de la classification des marchés en fonction des actifs qui s’y échangent.
A – Les marchés primaires, secondaires, tertiaires et quaternaires.
Le marché primaire est le marché qui fait rencontrer ceux qui vont fournir des actions ou des obligations de leur propre entreprise, des matières premières ou autres actifs, en échange de capital. Quand une entreprise ou un Etat lèvent des fonds ils participent sur ce marché, quand une société d’exploitation de pétrole brut vend ses barils elle y participe aussi. Quand vous prêtez de l’argent à votre pote, ou que vous achetez une maison neuve à un promoteur immobilier vous participez au marché primaire. En général, il s’agît d’un marché désorganisé où des particuliers et des entreprises se rencontrent par leurs propres moyens (bouche à oreille, publicité) et qui est très peu régulé, qu’on appelle gré-à-gré, que j’expliciterai bientôt. Ce marché est relativement risqué et peu transparent, en général votre seul recours juridique est le civil et si votre contrepartie fait faillite vous n’avez aucune garantie de pouvoir récupérer votre dû. Il demande de faire confiance à votre contrepartie, d’être compétent et parfois spécialisé dans ce domaine ainsi que d’être particulièrement critique des informations que l’on vous donne. Quand il est organisé, il s’agît le plus souvent d’une vente aux enchères entre participants agréés.
Le marché secondaire est le marché où les actifs sont revendus entre investisseurs, ici le capital et le risque sont transférés d’un investisseur à un autre. Ce marché a plusieurs fonctions, il permet entre autres aux investisseurs de sortir du marché quand ils en ont envie, de standardiser et regrouper les actifs, d’actualiser le prix des actifs en fonction des événements et de permettre à un plus grand nombre d’investisseurs de détenir certains actifs qui leur serait parfois impossible d’obtenir faute de contacts ou de moyens. Si une action ou une obligation est échangée sur le marché secondaire, cela veut dire que l’entreprise sous-jacente a donné son accord à ce qu’elle renonce à choisir qui détient ses parts ou sa dette (à quelques exceptions près), elle n’est pas affectée directement par la transaction. Le marché secondaire est le plus souvent organisé et régulé, moyennant commission. Il est le plus souvent organisé dans un type d’enchère très particulier qu’on appelle bourse, ou bien d’un marché organisé par un courtier.
Je parle brièvement du marché tertiaire et du marché quaternaire car vous pourrez peut-être en entendre parler, le marché tertiaire est le marché où les courtiers interagissent avec les grosses institutions (souvent des banques) et le marché quaternaire est le marché entre grosses institutions uniquement. Ce sont des marchés gré-à-gré.
B – L’organisation et la régulation des marchés
Le marché le plus basique est le marché gré-à-gré ou over the counter (OTC) en anglais. Comme je l’ai dit plus haut, ce marché n’est pas organisé, il est sans intermédiaires. Pour y participer il faut trouver des contreparties par ses propres moyens, chercher les informations par soi-même et surtout faire confiance à la personne en face, chose qui n’est pas toujours facile. C’est surtout sur ce marché que se manifestent les barrières anthropologiques et les biais psychologiques car il y a peu de moyens de réguler ce qui s’y passe ou d’être sûr des informations que l’on a. Bien évidemment il existe des lois et des garde-fous juridiques ou médiatiques, mais vous êtes libres de rédiger n’importe quel contrat légal sur ce marché. C’est d’ailleurs ici que vous verrez les instruments financiers les plus complexes comme les options exotiques ou les swaps. Sur le marché gré-à-gré on dit que la liquidité est faible, comme vous avez souvent affaire à des actifs uniques (startups, œuvres d’art, options exotiques) que très peu de personnes convoitent, ce qui fait qu’il est coûteux et long de trouver des acheteurs, et ce qui pousse les prix à la hausse.
Je ne vais pas m’attarder dessus car il y a énormément à dire dessus, mais la vente aux enchères est une forme d’organisation des marchés. Vous y trouverez par exemple les obligations souveraines, les œuvres d’art ou bien, lors d’une introduction en bourse d’une entreprise, des actions sont attribuées aux premiers actionnaires via une enchère, ce qui permet de déterminer le prix initial de l’action en bourse. Si cela vous intéresse, regardez les différents types de vente aux enchères comme l’enchère anglaise ou l’enchère néerlandaise. Ici vous avez quelques intermédiaires qui rentrent en jeux comme le commissaire-priseur ou la banque d’investissement pour l’introduction en bourse, qui vont prendre leur commission en échange de la publicité qu’ils fournissent à votre actif et de la facilitation de la transaction – autrement dit de la liquidité. Il est à noter qu’un commissaire-priseur qui tient à sa réputation va exiger certaines contraintes et garanties sur l’actif, ce qui donne un début de régulation au marché financier. Dans le cas d’une introduction en bourse (Initial Public Offering ou IPO), les exigences sont draconiennes, les comptes financiers, les cadres dirigeants de l’entreprise et les actionnaires actuels sont scrutés à la fois par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) en France, et les analystes financiers.
La bourse est une forme d’enchère très spécifique. Elle rassemble des traders qui travaillent pour des courtiers ou des sociétés de gestion d’actifs et fonctionne avec une enchère dite continue/dirigée par ordres et est chapeautée par l’AMF en France. Les traders donnent des ordres de vente et d’achat – soit ils donnent un prix et achètent ou vendent tout ce qui est à un prix meilleur ou égal, soit ils spécifient une quantité et achètent ou vendent peu importe le prix, il existe aussi des ordres plus complexes où l’on spécifie un prix, une quantité et une date limite, entre autres. La bourse génère des profits en prenant une commission sur chaque ordre et à chaque fois qu’une nouvelle entreprise rentre sur le marché s’il s’agît d’une bouse d’actions. Ici il n’y a pas un prix unique pour un actif, il y a le prix de la demande (ask) et le prix de l’offre (bid) – il faut proposer un prix égal ou supérieur à l’ask pour pouvoir acheter l’actif et un prix inférieur ou égal au bid pour pouvoir le vendre. Un des effets de cette structure de marché (qui peut paraître contre-intuitif pour ceux habitués au marché gré-à-gré) est que plus on veut acheter une grande quantité de l’actif, plus il va falloir proposer un prix élevé, et inversement plus l’on veut en vendre, plus il va falloir baisser son prix. La bourse crée un peu plus de symétrie entre les acheteurs et les vendeurs, ce qui n’existe pas dans le marché gré-à-gré où l’avantage est déterminé largement par le contrôle qu’ont les acheteurs et les vendeurs sur le marché et l’information en circulation. Le rapport de force ne disparaît pas entièrement mais est artificiellement atténué. Cela fait aussi que si beaucoup d’acheteurs et vendeurs sont intéressés par un actif et que beaucoup d’ordres circulent, statistiquement la différence entre le bid et l’ask sera plus faible, c’est pour cela qu’on mesure traditionnellement la liquidité d’un actif en bourse par la différence entre le bid et l’ask, qu’on appelle le « bid-ask spread », par la moyenne du bid et de l’ask. En exigeant une forte transparence, en attirant des analystes financiers, les autorités des marchés et les médias, la bourse est un peu moins risquée que le marché gré-à-gré, permet d’avoir une meilleure idée de la valeur intrinsèque et surtout une bien meilleure liquidité, bien sûr à un prix. Bien sûr, le risque propre aux rendements futurs de l’investissement n’est pas vraiment affecté et jouer en bourse reste relativement risqué, voir même à espérance négative dans le cas du marché des changes. Sans rentrer sans les détails, la bourse permet parfois d’effectuer la vente à découvert (short-selling), c’est quand vous empruntez un actif à quelqu’un qui le détient, moyennant commission, pour le vendre immédiatement, le racheter plus tard (en espérant que les prix ont fortement baissé) et le rendre à son propriétaire après – cette pratique permet dans de nombreux cas d’ajuster des prix trop élevés lorsque pour x ou y raison les détenteurs ne les vendent pas alors que le prix est surélevé. Traditionnellement une bourse se tient dans un lieu physique mais maintenant c’est largement effectué virtuellement.
La dernière structure de marché majeure est le marché organisé par un courtier – souvent une banque d’investissement. Ici le courtier achète une grosse quantité d’actifs sur la bourse en tant que broker et la revend au détail à ses clients en tant que dealer, ses traders sont là pour répondre à la demande des clients au meilleur prix possible et à liquider le surplus. Le courtier peut prendre une commission sur les ordres, fixer son propre bid-ask en fonction de ses stocks disponibles et empocher la différence. Dans certains cas il peut prêter de l’argent à ses clients pour qu’ils achètent ses produits et encaisser les intérêts du prêt ou encore proposer les services d’analystes financiers qui vont faire des recommandations aux clients (a.k.a full service). Ces marchés restent contrôlés par l’AMF en France vu le contrôle qu’a le courtier sur son marché, le but étant que ses prix suivent ceux de la bourse. Le courtier gère son propre risque et met des limites (comme le margin call) pour éviter que ses clients ne fassent faillite – il est perdant si cela se produit, surtout s’il a prêté de l’argent à son client, il a surtout intérêt à ce que son client continue d’effectuer des ordres car c’est comme cela qu’il se rémunère, parfois au détriment du client.
C – marché au comptant, marché à terme et marché dérivé
Le marché au comptant, en anglais « spot » est le marché où les échanges ont lieu en temps direct – si accord il y a, l’actif et le capital sont échangés au moment de la transaction. Sans aucun autre instrument il n’offre pas beaucoup de flexibilité, il ne permet pas de manipuler facilement le risque auquel on s’expose, car en achetant un actif on prend à 100% le risque du sous-jacent et on est totalement soumis aux aléas des prix.
Le marché à terme est un peu différent. Ici on s’engage dans des contrats spécifiques où l’on se met d’accord sur un prix et où l’échange de capital et d’actif s’effectue à une date postérieure, peu importe le prix du marché à ce moment. Le terme utilisé pour dire qu’on rentre dans un contrat à terme est prendre une position. Ici on a un transfert d’une partie du risque de l’acheteur de l’actif (on dit qu’il est en position longue) au vendeur (on dit qu’il est en position courte). En effet, celui en position longue préfère fixer le prix futur et ne pas prendre le risque que les prix baissent et celui en position courte prend le risque d’acheter quelque chose qui en vaudra moins à la date de l’échange. Cela permet à certains investisseurs de couvrir, par exemple, leur risque de change s’ils savent qu’à une certaine date ils voudront échanger une certaine somme de monnaie contre une autre et à d’autres qui ont une plus grande capacité à encaisser le risque de spéculer. Ces contrats ont d’autant plus de valeur que le sous-jacent est volatile. Vu qu’on a vu le marché gré-à-gré et la bourse, je vais parler des différences entre les deux sur le marché à terme. Sur le marché à terme gré-à-gré, les contrats à terme sont appelés « forwards », vous pouvez les personnaliser comme vous voulez, avec vos prix, vos quantités, vous négociez ça. Cependant, si votre contrepartie fait faillite avant l’exécution du contrat, vous n’avez aucun moyen d’effectuer la transaction et vous n’avez aucun moyen de sortir de ce contrat si vous-mêmes vous avez des difficultés à remplir vos obligations. Si vous êtes un agriculteur qui vend sa récolte de l’année prochaine avec ce type de contrat, vous avez intérêt à faire en sorte que vous produisez assez pour l’exécuter ou que vous pouvez acheter ce qui vous manque si vous n’y parvenez pas le jour de la livraison. Sur le marché à terme en bourse c’est un peu différent, ici les prix, les quantités, les obligations contractuelles et modalités de livraison sont fixés à l’avance par l’offre et la demande et ne sont pas négociables, avec ce qu’on appelle les contrats « futures ». L’avantage des futures est que si vous pensez qu’il y a un risque que vous ne puissiez apporter votre partie du contrat (le capital ou l’actif), vous pouvez vous dégager de votre obligation contractuelle en cédant votre position à quelqu’un en capacité de le faire – si vous avez de la chance, plus de participants pourront exécuter votre position maintenant, ce qui normalement devrait rendre votre position attirante et on vous achètera votre contrat. Si au contraire, nombre comme vous ne peuvent exécuter ce contrat (mauvaises récoltes à cause de la météo par exemple), vous aurez du mal à le céder et vous serez peut-être obligé de payer quelqu’un pour qu’il l’exécute à votre place. Par ailleurs, les participants sont obligés d’avoir un apport en capital pour rentrer dans un future et si par hasard votre contrepartie fait faillite, la chambre de compensation (ou clearing house) vous remboursera, ce qui élimine le risque de contrepartie. Autre particularité du contrat à terme, vous pouvez conserver la rente de votre actif tant que la date d’exécution n’est pas venue, mais vous devez toujours payer les frais de stockage, livraison ou autres, ce qui est bien sûr pris en compte dans le prix.
Le marché des dérivés est vraiment là où le risque est transféré et manipulé. Ici on échange ce qu’on appelle des options/warrants, des contrats d’échange (swaps), des pensions livrées (repurchase agreements ou « repo »), les couvertures de défaillance (credit default swaps, CDS) entre autres. N’ayez crainte on va attaquer chacun de ces termes. D’abord, sur le marché des dérivés en bourse on a les options dite « vanilla ». Une option, contrairement à un contrat à terme, donne le droit et non l’obligation, d’acheter ou de vendre un actif à un moment donné à un prix donné et on effectue une transaction financière pour rentrer dans ce contrat, proportionnelle au risque que transféré d’une partie à l’autre. Le droit d’acheter l’actif est appelé « call » et le droit de le vendre est appelé « put », le prix convenu est appelé « strike price ». Si le jour venu votre strike price est plus intéressante que le prix de l’actif à ce moment-là, on dit que votre option est « in the money » (ITM), si votre option est moins intéressante on dit qu’elle est « out of the money » (OTM) et si elle est aussi intéressante que le prix actuel, on dit qu’elle est « at the money » (ATM). Si votre option vous donne seulement la possibilité d’exercer votre droit à une date donnée, on dit qu’elle est de style européen, si vous pouvez l’exercer à n’importe quel moment jusqu’à la date convenue on dit qu’elle est de style américain. Plus le prix de l’actif sous-jacent est volatile, et plus il est facile d’exercer l’option (par exemple si elle est de style américain), plus il y a de fortes chances que l’option soit in-the-money, plus la valeur de l’option augmente, car le détenteur transmet beaucoup de risque à sa contrepartie. Vous trouverez aussi en bourse de commerce des options sur la météo, pour vous protéger en cas de mauvaises récoltes par exemple. L’intérêt de ces options est qu’elles peuvent facilement créer de gros effets de levier étant donné qu’une option vaut typiquement 2-10% de l’actif sous-jacent, puis comme c’est échangé en bourse on peut s’en débarrasser rapidement si on ne peut pas les exercer faute de moyens ou d’actif. Pour les matheux intrigués je conseille en introduction le modèle de Black-Scholes. Sur le marché gré-à-gré on va retrouver tous les contrats divers et variés susmentionnés. Une warrant est une option non-échangeable émise par une banque en série limitée. Ensuite on a les options exotiques, qui sont tout un tas d’options avec des règles particulières. Pour vous donner des exemples on a des options pour échanger des actifs (pourquoi pas du blé contre une action Google ?), les options style asiatique qui vous donnent le droit d’acheter un actif à son prix moyen sur une période donnée (pour vous protéger de la volatilité) ou les options style parisiennes qu’on ne peut exercer que si le prix du sous-jacent est dans certains clous pendant une certaine période (pour vous protéger de la manipulation des cours). Le swap ou contrat d’échange est quand deux parties se mettent d’accord pour faire plusieurs contrats à terme à répétition, nous allons en voir des exemples plus tard. Je m'attarde un peu sur le repo car c'est très discuté dans les actualités récemment. J'y ai fait référence dans mon post sur la monnaie. Un repo est une transaction spot (actif contre capital) plus un contrat forward pour que l'actif soit racheté à une période future. C'est une façon pour une institution financière d'emprunter de l'argent à une autre (souvent pour une très courte période, parfois 24h), comme la banque centrale, sans que l'autre partie ne prenne quelconque risque, tant est que l'actif échangé soit fiable, comme un bon du trésor. La banque centrale injecte des liquidités temporairement, elles reviennent dans ses coffres le jour suivant. Ce n'est pas comme le Quantitative Easing où l'actif est définitivement acheté par la banque centrale et l'argent est injecté durablement dans le système. La banque centrale fait des repo pour imposer pratiquement par la force les taux qu'elle veut transmettre au reste de l'économie, surtout lorsque les banques commerciales ne se font plus confiance et font grimper leurs taux au-delà des limites définies par la banque centrale. Les couvertures de défaillance servent à rembourser les détenteurs d'obligations lorsque l'entreprise sous-jacente fait défaut (c'est un contrat d'assurance).
Synthèse de l'organisation et de la classification des marchés D – Les marchés selon les types d’actifs
Le marché monétaire (que j’ai couvert en détail dans mon post précédent) est le marché où les liquidités excédentaires sont prêtées pour une période courte aux entreprises, particuliers ou Etats qui en ont besoin, moyennant une rente nommée intérêt. je vous renvoie à
mon post sur le sujet Le marché de la dette long-terme est là où se financent les participants qui veulent des fonds pour une période supérieure à deux ans, moyennant intérêts. On appelle le marché où s’échange entre investisseurs la dette long-terme le marché obligataire. On a des obligations de différents types en fonction des intérêts versés ou des options attachées à l'obligation. Une obligation a un principal et un coupon (l'intérêt versé périodiquement). Une obligation sans coupon est un zéro-coupon et au lieu de verser un intérêt, on prête initialement une somme au débiteur qui est inférieure au principal qu'il doit rendre à la fin du contrat. Le principal peut être remboursé progressivement comme pour une dette immobilière (amortissement) ou en totalité d'un coup à la fin du contrat (bullet bond). Le coupon peut être à taux fixe ou variable. Si c'est variable ce sera en général le LIBOR + une petite prime de risque/liquidité ou bien une grosse prime - le LIBOR. Comme on peut revendre des obligations sur le marché secondaire, leur prix va varier en fonction du risque que le débiteur fasse défaut et des taux. Si les taux en vigueur aujourd'hui sont meilleurs que celui de votre obligation, sa valeur relative décroît. C'est pour cela que les obligations d'Etat ont un risque de prix sur le marché secondaire et ne sont pas sans risque, le risque de défaut n'est pas le seul risque d'une obligation. Une des propriétés vertueuses des obligations est la convexité, en termes simples, une obligation peut plus facilement prendre de la valeur si les taux baissent, qu'elle ne peut en perdre si les taux augmentent. On trouvera sur le marché des dérivés des couvertures de défaillance (CDS), des repo et des swaps pour échanger des taux fixes contre des taux variables, ainsi que des mortgage-backed-securities (MBS) qui regroupent de nombreux crédits immobiliers d'une banque régionale ou des collateralized-debt-obligations (CDO) qui regroupent des crédits et d'autres instruments financiers pour produire un actif complexe avec un risque personnalisé (souvent très élevé). Ce sont les CDO, les MBS et les CDS qui ont causé la crise de 2008 comme les agences de notation n'ont pas fait leur rôle et ont sous-estimé le risque de ces produits.
Le marché action est le marché où s’échangent les parts des entreprises. Une action représente la valeur résiduelle des profits (ou de la liquidation) d’une entreprise une fois que tous les créanciers (l’Etat compris) sont payés. Certaines actions ont des droits de votes, d’autres non. Elles versent une rente appelée dividendes, qui sont variables en fonction des résultats de l’entreprise ainsi que de ses besoins en capital. Une définition alternative d’une action est une dette à durée indéterminée/illimitée. En bourse on va calculer la valeur intrinsèque de l'action en faisant la somme des dividendes futurs qu'on espère plus le prix de cession espéré divisisés par un taux qui représente le risque de l'investissement et le retour minimum qu'on attend en échange. Alternativement on calcule la valeur liquidative des actifs de l'entreprise moins sa dette si on pense qu'elle va faire faillite. Plus un dividende est éloigné dans le temps, moins il comptera dans la valeur intrinsèque, puis si l'on estime que le risque est élevé, les dividendes lointains ne comptent quasiment pas. Si on pense que le marché est efficace, deux autres méthodes populaires existent, la première est appelée les multiples. En gros on regarde les entreprises comparables et on calcule ler prix divisés par leurs revenus par exemple, puis on multiplie les revenus de l'entreprise qu'on analyse par ces multiples pour avoir une idée de sa valorisation relative. Sinon, on regarde à quel point l'action varie en même temps que le restedu marché. Si l'action varie moins fortement que le marché, on lui donne une valeur plus grande, inversement si elle varie plus fortement on baisse sa valeur car on considère que c'est une action risquée. Hors bourse, il y a plusieurs méthodes. Si l'entreprise est toute nouvelle on va surtout valoriser la compétence des entrepreneurs pour estimer le risque, si l'entreprise gagne déjà de l'argent mais ne verse pas de dividendes on va regarder ses flux de trésorerie et son EBITDA. On classifie les actions en fonction des secteurs industriels, du prix par rapport aux revenus nets, flux de trésorerie et aux dividendes (Value et Growth) ainsi qu'en fonction de leur capitalisation boursière. On trouvera ici nos options, mais aussi des indices boursiers qui font la moyenne des rendements (en terme de prix et de dividendes) d'un groupe d'actions, soit à part égale pour chaque entreprise, soit pondérée par leur capitalisation boursière ou leurs prix par action individuelle. Ces indices sont suivis par des fonds indiciels, qui peuvent être soit des fonds mutuels (achetés en gré-à-gré) ou des ETF (achetés en bourse/courtiers). On trouvera ici nos options, nos warrants, des equity swaps (échange de dividendes par exemple) ou des total return swaps (pour les ETF synthétiques, voir mon post sur le sujet).
On notera que le marché action et le marché obligataire forment le marché dit des capitaux.
Le marché des changes (Foreign Exchange ou tout simplement ForEx en anglais) est le marché qui fait jonction entre les différentes économies et permet de convertir une monnaie en une autre – la monnaie ne verse pas de rente mais est sujette à l’inflation/déflation de l’économie qu’elle représente. L’offre et la demande d’une monnaie est déterminée par l’attractivité de l’économie – si beaucoup d’investisseurs étrangers veulent y investir, la demande pour la monnaie va croître et sa valeur relative va s’apprécier, ou bien si des ressortissants d'un pays veulent renvoyer des liquidités chez eux. Alternativement certaines monnaies sont fixées à d’autres monnaies ou, rarement aujourd’hui, fluctuent en fonction du prix de certaines matières premières et de la quantité d'icelles possédée par la banque centrale par rapport à la demande de la monnaie. Dans le cas des cryptomonnaies, en plus de la demande et l'offre de monnaie, on valorise aussi la qualité des services, la capacité de calcul allouée et coût pour effectuer les transactions. Ici on peut faire des swaps de monnaie, en gros simuler le coût d'un échange de monnaie sans s'échanger réellement la monnaie. Ca permet de couvrir le risque de change sans passer par le marché classique.
Le marché alternatif est composé de plusieurs marchés comme le marché des matières premières (représenté par les bourses de commerce) où s’échangent métaux précieux, l'énergie, le pétrole et blé entre autres, le marché des fonds d’investissement à stratégies alternatives type private equity/venture capital/hedge fund avec des stratégies impossibles à réaliser pour des particuliers seuls, le marché de l’immobilier – où la rente est appelée loyer, le marché des œuvres d’art, du vin et j’en passe et des meilleurs. Sur les matières premières on va aussi trouver des indices de prix (commodity indexes), des futures sur l'or, des options sur la météo et des forwards sur des matières exotiques. L'immobilier est classé en plusieurs catégories comme le résidentiel, le commercial et les bureaux, les actifs peuvent être détenus en direct ou à travers des fonds privés ou cotés.
En résumé Voilà une synthèse de la finance aujourd'hui. J'ai omis des sujets comme la FinTech car cela sort du propos, mais, tant est que la modération l'accepte, je vais publier une brève histoire de la finance qui comprendra cela. J'ai fait exprès d'aborder certains sujets sans trop les creuser, notamment les bulles financières, car je préfère répondre à des questions précises plutôt que de me lancer dans une explication qui va perdre tout le monde. Je n'ai pas eu le temps de faire tous les graphiques et schémas que je voulais mais si vous en voulez en particulier ce sera avec plaisir. Si vous voulez des sources pour des éléments particuliers hésitez pas, j'ai toute une bibliographie d'articles et de livres. Merci à ceux qui m'ont encouragé à écrire ce post.
submitted by Lorsque George Naccache, fondateur de l’Orient, écrivait en 1949 que «
deux négations ne font pas une nation » ou qu’il disait que le clientélisme conduirait ce pays à sa ruine, force est de constater que rien n’a changé aujourd’hui au Liban. Pourquoi ? C’est à cette éternelle question libanaise que Sibylle Rizk, Alexandre Najjar, Jean Riachi et Zeina Trad ont essayé de répondre.
Ces différents points de vue sont tous reliés à un centre de gravité, celui de la Nation Liban tournée ni vers l’Est ni vers l’Ouest, qui essaye de reprendre la barre du navire libanais.
Comment en est-on arrivé là ?
Alors que le Liban commémore son centenaire en 2020, le pays connaît depuis le 17 octobre de profondes remises en cause, une crise économique sans précédent, un effondrement de son existence. Comment en est-on arrivé là ? Le pays du Cèdre est-il un exemple, un lanceur d’alerte pour se réveiller et reprendre son destin en main ? Depuis longtemps, le Liban apparaît comme un pays otage de ses voisins mais aussi de lui-même, des divisions politiques et communautaires, et surtout de la corruption ancrée.
Ses années de « Suisse du Moyen-Orient » se sont déroulées entre 1943 – année de son indépendance – et 1975 – année du début de la guerre civile. Le Liban semblait être un pays souverain. Après la fin de la guerre civile en 1990, le Liban s’est engagé dans une spirale d’endettement, en vue de la reconstruction. L’économie s’est bâtie sur les services, le tourisme et les investissements étrangers, notamment du Golfe, fortement tributaires des conjonctures politiques et sécuritaires. Cette vulnérabilité s’est exacerbée avec l’absence de réformes et une négligence des services publics, sur fond de corruption et de clientélisme, alimentés par un système de partage communautaire du pouvoir.
C’est ainsi que le secteur de l’électricité est devenu un gouffre financier, engloutissant la moitié de la dette entre 2008-2017, d’après la Banque mondiale. Et malgré des millions injectés pour le revitaliser, il reste en déliquescence.
La dette publique atteint aujourd’hui 170% du PIB, sur fond de ralentissement économique et de taux d’intérêts élevés qui ont gonflé le secteur bancaire. Les premiers signes d’effondrement sont apparus en 2019, avec une pénurie de dollars puis des restrictions bancaires sur les retraits et des virements vers l’étranger. La livre libanaise a connu une forte dépréciation avant d’atteindre en juin son plus bas taux historique, à 10 000 livres pour un dollar sur le marché parallèle. Ce naufrage est aussi le résultat des crises politiques à répétition.
Zeina Trad – Quelles solutions pour le Liban ?
La crise sans précédent que traverse le Liban n’est pas juste économique, financière et sociale. Elle est systémique. C’est la structure de pouvoir née de l’après-guerre de 1975-90 (et héritière des décennies précédentes) qui s’effondre. Sans que ses composantes ne s’effondrent, elles, pour autant. Et c’est là le drame pour les Libanais. Car même s’ils sont structurellement incapables de tenir la barre du navire en pleine tempête pour l’empêcher de couler, les leaders communautaires qui ont accaparé l’appareil étatique pour en capter les ressources, refusent aujourd’hui de laisser la place.
Ce qui est tombé, c’est l’illusion selon laquelle il existe un État libanais, à savoir des institutions régies par des lois et des règles destinées à gérer une population donnée sur un territoire donné. À l’occasion de son centenaire, la crise a fait apparaître au grand jour l’absence d’un tel État et l’enjeu des prochains mois est de savoir si son établissement est un projet possible et souhaité par les Libanais. Ou bien s’ils feront individuellement et collectivement plutôt le choix de l’émigration et/ou du repli communautaire à la solde de l’un ou l’autre chef.
Les mouvements de protestations qui ont accompagné les nombreux soubresauts de ces dernières années, n’ont jamais encore franchi le pas de la remise en question de la structure même du système politique libanais. Beaucoup de raisons à cela. Géopolitiques bien sûr, dans un pays passoire des confrontations régionales, Sociales et identitaires. Mais aussi économiques : la rente assurée ces dernières années ayant, d’une certaine façon, servi d’anesthésie. Ses effets s’étant désormais estompés, l’heure du réveil a sonné. L’enjeu est d’offrir une véritable alternative au régime, en jetant les bases d’un État de droit, forcément laïque, tirant sa légitimité d’une relation directe avec les citoyens effectifs du territoire libanais qu’il faut recenser et qui, de par leurs contributions fiscales – car l’emprunt et la charité internationale ont leurs limites – investiront dans une économie productive et un contrat social équitable.
Sibylle Rizk – « À trop tirer sur la corde »
« À trop tirer sur la corde, elle finit par rompre. » Au Liban, depuis plus de 15 ans, les observateurs avertis mettaient en garde contre un effondrement du système, gangrené par la corruption et la gabegie. Peine perdue ! Incompétents et imprévoyants, les dirigeants libanais n’ont rien fait pour redresser la situation et ont préféré la fuite en avant qui a précipité la survenance du désastre. Dans tous les secteurs, le bilan est affligeant :
- au niveau politique : une « mafiature » au pouvoir, portée par le confessionnalisme ; hégémonie du Hezbollah pro-iranien qui protège les trafics vers la Syrie, coupe le Liban de son environnement arabe hostile à l’Iran, défie les États-Unis et rend l’aide internationale improbable.
- au niveau de l’administration : clientélisme, corruption, bureaucratie et incapacité à « dégraisser ».
- au niveau des finances publiques : promulgation de lois fiscales contradictoires et contre-productives, budget en sommeil pendant de longues années et manque de transparence.
- au niveau de la Banque du Liban : pompage des devises déposées auprès des banques, soutien inconsidéré à l’État, création de l’illusion d’une situation sous contrôle, et ingénieries hasardeuses.
- au niveau social : absence de protection sociale pour de nombreux Libanais, notamment les personnes âgées ; présence massive de réfugiés syriens ; chômage galopant, notamment auprès des jeunes acculés à l’émigration.
- au niveau économique : absence de planification, balance des paiements déséquilibrée, fiasco et gabegie dans le domaine de l’électricité qui coûte des milliards à l’État.
Née en réaction à cette catastrophe, la révolution du 17 octobre 2019, qui n’a pas encore porté ses fruits, aura au moins servi de révélateur et aura brutalement montré aux Libanais et au monde que « le roi est nu »…
Alexandre Najjar – Crise économique et crise morale
Il est convenu, pour un banquier, d’expliquer l’effondrement économique du Liban par des causes économiques. Celles-ci sont nombreuses, à commencer par la politique étrangère et militaire du Hezbollah, qui a isolé le Liban de son environnement arabe, en particulier les pays du Golfe, source de revenus importante pour le tourisme et source de capitaux pour les investissements.
Il y a aussi l’incurie et le dysfonctionnement de l’état, dont les déficits budgétaires cumulés se sont traduits par une dette publique colossale, avec un ratio dette/PIB parmi les plus élevées du monde. Le clientélisme y a beaucoup contribué, avec des dizaines de milliers d’emplois publics inutiles et des recrutements basés sur l’allégeance confessionnelle et partisane. De même, un capitalisme de « connivence » a permis à des hommes d’affaires proches des cercles de pouvoir d’accaparer les contrats publics à des conditions exorbitantes – creusant encore plus les déficits – et de partager leurs bénéfices avec la classe dirigeante.
Enfin, il y a la politique de la banque centrale qui, pour maintenir à tout prix la valeur de la livre libanaise par rapport au dollar, a incité les banques par le biais de taux d’intérêts excessifs, à déposer auprès d’elle les dépôts en dollars de leurs clients (essentiellement l’épargne des expatriés). Ces dollars ont été consommés dans l’achat sans limite de livres libanaises afin d’en maintenir le cours dans un contexte de balance courante pourtant structurellement déficitaire. Le déficit en dollars de la banque centrale, combiné à la nécessité de restructurer la dette colossale de l’État, conduit à ce que les banques et la banque centrale se retrouvent en faillite et à l’évaporation de l’épargne des libanais.
Il ne s’agit là que d’un aperçu des causes économiques de l’effondrement de l’économie libanaise. En réalité, il faudrait un ouvrage de plusieurs centaines de pages pour en faire l’inventaire. Mais la faillite du Liban est essentiellement morale, en particulier celle d’une élite dirigeante, médiocre et cupide. Pour l’essentiel composée « d’esprits sans lumières et sans culture » (selon l’expression de Jean-Jacques Rousseau), cette oligarchie ne valorise que la puissance et l’argent et s’appuie pour se maintenir sur un système confessionnel qui encourage le clientélisme et conduit à l’émigration des talents. État failli, le Liban ne se redressera que par un sursaut moral.
Jean Riachi
Cela nous a mené à essayer de répondre à la question d’une nation, celle du Liban ? Pour qu’il y ait souveraineté il faut qu’il y ait un État. Or Le Liban a toujours existé en tant que Nation bicéphale voire tricéphale, une se tournant vers l’Est et l’autre vers l’Ouest avant même de trouver son centre de gravité. Aujourd’hui le Liban semble basculer, perdre son entité si différente pour chaque communauté. Jadis, appelé « Suisse du Moyen-Orient », le Liban devra peut-être envisager de créer une fédération comme en Suisse et commencer par lancer une revue « Front Populaire » au Liban…
Source:
Front Populaire, « Crise au Liban : état des lieux », 22 juillet 2020 submitted by Attention: vous pouvez être contacté par de faux chargés de clientèle PARTNERS FINANCES qui vous proposent de bénéficier de crédits à des taux avantageux en vous demandant de transmettre des documents, des fonds, des coordonnées bancaires, etc… PARTNERS FINANCES ne vous demandera jamais de verser des fonds autre que les honoraires dus à la suite de la réalisation d'une opération Advice, insight, profiles and guides for established and aspiring entrepreneurs worldwide. Home of Entrepreneur magazine. Noticias. La Junta mantiene abiertas líneas de ayuda y actuaciones en materia de vivienda por importe de 247 millones de euros 2 de enero de 2023; La Junta ayuda a 11.836 familias de bajos recursos con 9,6 millones de euros en deducciones fiscales por familia numerosa, natalidad y cuidado de... 2 de enero de 2023 El teléfono de emergencias 1-1-2 de Castilla y León detecta un significativo The Ministry of Finance is responsible for financial and monetary issues, including political funds and external finance. Je m'appelle Lorenzo Salvador je suis acheteur dans l'immobilier au Secrétariat général des ministères économique et financiers. Mon rôle, c'est lors de programmes de rénovation ou de construction pour des bâtiments de l'État d'élaborer des stratégies achats pour passer des marchés publics qui soient performants, que ce soit en ajoutant des clauses sociales, environnementales, pour Forum pour l’investissement responsable (FIR) Le Forum pour l'Investissement Responsable a été créé en 2001 à l'initiative de gestionnaires de fonds, de spécialistes de l'analyse sociale et environnementale, de consultants, de syndicalistes, d'universitaires et de citoyens. Depuis, ils ont été rejoints par des investisseurs. For any queries, you should give priority to the "International" page, or contact us either by phone or through the secure contact link ("Messagerie sécurisée") of your personal account ("Espace particulier") on www.impots.gouv.fr. Finanzas; Vacacional; Deco; Live apuesta por idealista para vender sus casas a través de un plató de TV Leer más Esta es la antigua casa de Pelé en Los Hamptons que vendió por 2,85 millones de dólares Leer más Canadá prohíbe a los extranjeros no residentes comprar vivienda tras la subida de los precios Leer más Banco de Sabadell, S.A., Avda. Óscar Esplá, 37, 03007 Alicante, Inscrito en el Registro Mercantil de Alicante, tomo 4070, folio 1, hoja A-156980, NIF A08000143. Avertissements. Les articles, conseils, commentaires et opinions formulés sur Finance Héros ne constituent pas des conseils en investissement au sens des articles L. 321-1 et D. 321-1 du Code Monétaire et Financier, et ne sauraient remplacer un conseil personnalisé prodigué par une personne habilitée à la suite d’une étude approfondie des besoins de son client.
Enjoy the videos and music you love, upload original content, and share it all with friends, family, and the world on YouTube. Gossip Room est une communauté sur les réseaux sociaux, créée il y a 7 ans, qui regroupe aujourd’hui des millions de passionnés d’actualité TV, people, série... BNP Paribas Real Estate regroupe les expertises de 6 métiers couvrant l'ensemble du cycle immobilier : Promotion Immobilière, Transaction, Conseil, Expertise... Abonnez-vous pour voir les prochaines vidéos : https://tinyurl.com/PolitologueYT 🌳🔥 Cette vidéo montre l'évolution de la déforestation par pays à travers l... Bienvenue sur la chaîne YouTube de Boursorama ! Le portail boursorama.com compte plus de 30 millions de visites mensuelles et plus de 290 millions de pages v... Enjoy the videos and music you love, upload original content, and share it all with friends, family, and the world on YouTube. Les vidéos d'aquaportail http://www.aquaportail.com concerne le site portail d'aquariophilie et sont destinées à présenter des scènes de vie aquatique en aqu...